• - Propositions du GRFDE : Reconstruire la formation des enseignants (1/3)

    Avec la réforme dite de la « mastérisation », les gouvernements de Nicolas Sarkozy ont démantelé la formation des enseignants. On connaît les conséquences de cette politique inspirée par les dogmes ultralibéraux : l’État s’est totalement désengagé, il n’y a plus de cadrage national de la formation, les acteurs ont été délibérément mis en concurrence. On a assisté à la fin de l’égalité territoriale et sociale dans l’accès des étudiants au métier d’enseignant et à la naissance d’un marché de la formation des maîtres. La formation en alternance a disparu, les lauréats des concours sont maltraités, désormais jetés sans préparation suffisante et, pour certains, sans stages préalables dans les établissements scolaires, soumis dès leur première année à un service à temps complet ou presque…

    Cette réforme, c’est maintenant une crise, inédite par son ampleur, d’une extrême gravité, celle du recrutement : au lieu de revaloriser le métier d’enseignant, elle conduit des dizaines de milliers de jeunes à se détourner de leur souhait de devenir enseignant. Les fondations de notre école ont été sapées. Cette réforme a conduit à abandonner les enfants du peuple. Elle signait le renoncement de l’ex-majorité UMP à l’ambition d’une école démocratique.

    Dans les établissements scolaires, dans les universités et les IUFM, enseignants, stagiaires, inspecteurs, étudiants, formateurs, chercheurs exigent unanimement que cesse ce saccage. C’est aussi une demande pressante des parents d’élèves. Tous attendent que l’actuel gouvernement tourne cette page noire de l’histoire de notre école et s’engage avec détermination dans la reconstruction de la formation des enseignants. Ce chantier commande l’avenir de notre école, de notre société et de son économie. C’est le chantier prioritaire de la politique d’éducation à venir, afin de confier tous les élèves, dont la scolarité obligatoire dès 3 ans doit se poursuivre jusqu’à 18 ans, à des enseignants bien formés.

    Le collectif des formateurs d’enseignants auteur du présent texte affirme avec clarté et force que la formation des enseignants et la recherche en éducation relèvent de la responsabilité de l’État. Elles demandent de sa part un effort budgétaire conséquent et durable, qui doit être regardé comme un investissement d’intérêt général particulièrement utile, non comme un coût.

    Mais il ne peut être question de revenir aux modalités de la formation et à son organisation antérieures. Notre ambition est en effet de contribuer à construire une nouvelle école publique, républicaine, démocratique et humaniste, une école émancipatrice qui permette à tous les enfants du peuple d’accéder aux savoirs, à la culture dans toutes ses dimensions, à la formation professionnelle et à la citoyenneté, une école de l’égalité, conçue pour les enfants qui n’ont que l’école pour apprendre.

    C’est pourquoi la reconstruction de la formation des enseignants doit respecter quelques principes essentiels nécessaires à la réalisation de cette ambition. Nous les formulons ici, en tant que collectif autonome, non pour livrer un plan tout ficelé, mais pour les soumettre à tous ceux qui ont à cœur la qualification disciplinaire, éthique et professionnelle des enseignants : enseignants, formateurs, parents, citoyens, syndicats, collectifs, associations professionnelles, sociétés savantes, etc.

    Ces propositions s'inscrivent dans la perspective politique ouverte par la défaite de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles, puis par l’élection d’une majorité socialiste à l’Assemblée nationale. Aussi se veulent-elles, en cette rentrée, une contribution constructive à la « Concertation nationale pour la préparation de la loi d’orientation et de programmation sur la refondation de l’École » organisée par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon. Elles sont également une manière de participer à la préparation des prochaines Assises Nationales de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui, n’en doutons pas, regarderont aussi la mission de formation des enseignants comme une question cruciale.

    Mais nous souhaitons que le débat sur ce qu’il convient de faire pour la formation des enseignants ne soit pas restreint aux seuls participants officiels de la « Concertation Nationale… » et des « Assises ». Il s’agit de mobiliser tous les acteurs de la formation des enseignants et de faire appel à l’intelligence collective. Réunissons-nous dans les établissements scolaires, les universités, les IUFM, etc. sous les formes qui conviennent en chaque lieu (assemblée citoyenne, atelier législatif, groupe de réflexion…) et discutons ensemble de ces principes, précisons-les, enrichissons-les. Emparons-nous de ce débat, contribuons à dessiner la formation des enseignants dont le pays a besoin et demandons à la « Concertation Nationale… » et au ministre de prendre en compte ce projet.

     Ces propositions s’inscrivent enfin dans les luttes pour une école démocratique et la reconstruction de la formation professionnelle des enseignants que, quoi qu'il arrive, nous avons et aurons à mener de façon unitaire et déterminée.

     Elles sont organisées en deux parties. Dans la première (Enseigner, un métier qui s’apprend), nous précisons notre conception d’une formation professionnelle de qualité des enseignants. Dans la seconde (Statut et recrutement des enseignants, organisation de la formation), nous en dessinons le cadre institutionnel.

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