• - Mécontentement des formateurs et des étudiants : Livry Gargan

    Les formateurs du site de Livry-Gargan (93) de l’E.S.P.E. de l’académie de Créteil réunis le 13 novembre 2014 en intersyndicale ont adopté le texte ci-dessous.

    "La formation des enseignants du premier degré telle qu’elle se déroule à l’ESPE de l’académie de Créteil soulève un grand mécontentement, tant du côté des formateurs que des étudiants. Les formateurs souffrent d’une perte de sens de leur métier tandis que les étudiants doivent faire face à des contraintes multiples souvent inconciliables."

    Ce texte à le mérite de faire le point sur l'état de la formation à Livry Gargan mais recoupe la situation dans nombre d'autres ESPE, il également le mérite de faire des propositions tant au niveau local que national pour une formation de qualité ouverte au plus grand nombre.

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    Les formateurs du site de Livry-Gargan (93) de l’E.S.P.E. de l’académie de Créteil réunis le 13 novembre 2014 en intersyndicale ont adopté le texte ci-dessous.

    La formation des enseignants du premier degré telle qu’elle se déroule à l’ESPE de l’académie de Créteil soulève un grand mécontentement, tant du côté des formateurs que des étudiants. Les formateurs souffrent d’une perte de sens de leur métier tandis que les étudiants doivent faire face à des contraintes multiples souvent inconciliables.

    I-Les raisons du mécontentement des formateurs.

    Plus précisément, le mécontentement des formateurs porte sur les points suivants :

    - Les ruptures de contrat par rapport à la maquette du master MEEF, aux textes ministériels, aux annonces initiales ; la circulation permanente d’informations contradictoires. A titre d’exemple, l’annonce, en cours de semestre, de la suppression de la première des deux commissions et d’une des trois visites bouleverse le calendrier des visites, les états de services des formateurs, la forme d’accompagnement des stagiaires et l’équilibre de la formation en alternance ;

    - L’hétérogénéité entre les ESPE, entre les sites, entre les options de recherche et entre les équipes concernant les contenus et les évaluations ;

    - Le manque crucial d’information et de communication en direction des formateurs et des étudiants, l’absence de textes écrits, l’absence d’interlocuteurs clairement identifiés. Ce déficit d’information empêche les formateurs de répondre aux questions et sollicitations des étudiants et contribue à discréditer l’ESPE, la formation et les formateurs ;

    - La notation des stagiaires et l’évaluation de leurs compétences sur la base de deux simples visites ;

    - L’insuffisante formation consacrée à l’enseignement des disciplines scolaires ;

    - les menaces pesant sur l’avenir du site de Livry-Gargan.

    II-Les principes jugés fondamentaux par les formateurs.

    - Les formateurs réaffirment la nécessité absolue d’une formation initiale et continue des enseignants ;

    - La formation initiale doit s’inscrire dans un cadre clair, garanti par des textes qui ne changent pas en cours d’année ;

    - Elle doit relever d’un cadrage national s’imposant à toutes les universités et à toutes les ESPE ;

    - Les maquettes des masters MEEF doivent donner lieu à la même lecture dans tous les sites, dans toutes les options de recherche et dans toutes les équipes ;

    - Les futurs enseignants ont besoin d’une réelle formation en alternance, ils ne doivent pas être utilisés comme moyens d’enseignement ;

    - Dans le cadre d’une formation professionnelle réduite à un an, la charge d’une classe à mi-temps est trop lourde pour permettre une réelle formation en alternance ;

    - Le stage doit donner lieu à un réel accompagnement, ce qui suppose au minimum 6 visites, 3 de la part des professeurs de l’ESPE et 3 de la part des maîtres formateurs et directeurs d’école d’application ;

    - La concertation et les échanges entre les formateurs ayant suivi le stagiaire supposent l’existence de trois commissions en présence de l’étudiant-stagiaire car il s’agit d’un moment fort de la formation professionnelle ;

    - Les enseignements doivent présenter une cohérence qui ne peut être réalisée qu’à la condition d’aménager des temps réguliers de concertation entre formateurs inscrits dans leur service et leur emploi du temps ;

    - La formation professionnelle en alternance doit préserver des équilibres entre le stage, les enseignements scientifiques, didactiques et pédagogiques ainsi que l’initiation à la recherche ;

    - La maîtrise des contenus des disciplines enseignées à l’école est un impératif. En conséquence, une plus grande place doit être accordée aux entrées disciplinaires et didactiques dans la formation ;

    - Les enseignements dispensés (hors option approfondissement disciplinaire et didactique et initiation à la recherche) doivent donner lieu à une évaluation formative, en nombre limité, portant sur des productions écrites ou orales en cohérence avec le stage. Elle ne doit pas se traduire par une surcharge de travail mais correspondre à une analyse réflexive sur les pratiques de classe. Elle doit correspondre à un moment de réflexion utile à la formation.

    III. Ce que les formateurs réclament dès cette année :

    - Nous exigeons une augmentation des moyens d’enseignement de l’ESPE afin qu’elle puisse faire face à ses missions.

    Alors que ces dernières années plus de 130 postes d’enseignants de l’ESPE ont été transférés vers d’autres composantes de l’UPEC, alors que le nombre de postes au concours de recrutement des professeurs des écoles passe dans l’académie de Créteil de 1100 cette année à 1800 l’année prochaine, la direction de l’UPEC s’oppose à la demande de trois créations de poste et décide de transformer 9 postes de formateurs second degré en postes d’enseignants-chercheurs, ce qui correspond à une perte d’heures d’enseignement équivalent à 4,5 postes ;

    - Nous voulons des écrits pérennes confirmant toutes les informations qui circulent par voie orale ;

    - Nous exigeons que les E.S soient en binôme avec des professeurs titulaires et refusons qu’ils le soient avec un autre E.S, un vacataire, un titulaire première année ou un ZIL ;

    - Nous réclamons une totale remise à plat des évaluations en M2 qui pour l’instant ne sont que sommatives ou plus exactement normatives puisqu’elles ne peuvent prétendre permettre de faire la somme de ce qui aurait été travaillé à l’ESPE avant. Nous réclamons que celles qui seraient mises en place aient de nouveau du sens, ce qui exige qu’elles soient véritablement utiles à la professionnalisation des étudiants-stagiaires et qu’elles s’intègrent dans une véritable progression basée sur un dispositif long d’évaluation formative qui précéderait l’évaluation sommative ;

    - Nous réclamons l’organisation par la direction des sites de temps de concertation réguliers entre les formateurs permettant entre autre des retours d’expérience, des bilans d’étape, des échanges réels sur l’efficacité du travail et des projets menés auprès des étudiants ;

    - Nous réclamons que les conditions de la formation soient traitées avec sérieux : nous dénonçons l’approche strictement budgétaire de l’UPEC et du rectorat des questions de formation des enseignants. La recherche systématique d’économies budgétaires amène ces deux instances à sacrifier la formation en toute désinvolture (diminution du suivi des stagiaires, alourdissement des effectifs des groupes, suppression pure et simple du mémoire des étudiants déjà titulaires d’un master sans avoir tenté de le réaménager, réduction des heures de l’association sportive).

    IV-Ce que les formateurs réclament pour l’année prochaine et les années à venir :

    Au niveau local :

    - Nous réclamons une révision de la maquette afin d’augmenter le temps de formation et les ECTS consacrés à l’enseignement des disciplines à l’école, afin de redéfinir le mémoire et reconfigurer les exigences le concernant et afin de réduire le nombre d’évaluations ;

    - Après le pillage des postes de l'ESPE, nous réclamons de la présidence de l'UPEC des publications de postes à hauteur des besoins, alors que le nombre des étudiants et stagiaires augmente très fortement. La ministre N. Vallaud-Belkacem a encore annoncé le 19 novembre 500 nouveaux recrutements en Seine-Saint-Denis l'année prochaine. Qui va les former ?

    - Nous réclamons la reconnaissance dans le RNA de toutes les tâches de coordination. La coordination d’une équipe doit correspondre à 24h, quel que soit le nombre d’équipes prises en charge. Nous réclamons le retour des coordinations disciplinaires ;

    - Nous réclamons des groupes ne dépassant pas 25 étudiants ;

    - Nous réclamons le versement des salaires des étudiants-stagiaires dès la fin de leur premier mois d’exercice ;

    - Nous demandons qu’en début d’année universitaire, la formation à l’ESPE ne commence que lorsque les conditions la rendront possible (ce qui suppose l’inscription effective des étudiants à l’université, leur affectation définitive dans des groupes, la stabilité des équipes pédagogiques). Afin de mieux articuler le mémoire avec le stage, il nous semble souhaitable que les équipes de M2 soient constituées une fois les étudiants répartis dans les options de recherche, ainsi seraient facilités le recueil et l’analyse des données.

    - Nous réclamons la pérennité du site de Livry-Gargan.

    Au niveau national :

    - Nous réaffirmons notre position en faveur d’un concours d’entrée en ESPE situé en fin de L3 suivi de deux années de formation professionnelle rémunérées débouchant sur l’obtention d’un master. Cette solution permet tout à la fois d’allonger la durée de la formation initiale, d’accueillir dans les ESPE un public homogène constitué d’étudiants ayant tous réussi le concours, de dissocier la préparation d’un diplôme et celle d’un concours, de ne pas produire des reçus au concours collés au master ou des reçus au master collés au concours et enfin d’avancer d’un an la perception du premier salaire, ce qui permet de démocratiser le métier d’enseignant et de résoudre la crise du recrutement ;

    - Nous réclamons une réforme du contenu du concours qui, en l’état, consacre dans le premier degré la fin de la formation à la polyvalence puisque 9 disciplines enseignées sur 13 sont écartées des épreuves. Le concours doit permettre d’évaluer la maîtrise par les candidats de toutes les disciplines qu’ils auraient à enseigner en cas de réussite ;

    - Nous réclamons le rétablissement de la formation continue sur le temps de travail et un complément substantiel de la formation lors de la première année d’exercice suivant la titularisation ;

    - Nous réclamons une réduction de la durée du stage. Celui-ci ne doit pas dépasser un tiers temps annuel. Cet allègement du stage permettrait de rééquilibrer les différentes dimensions du master (formation disciplinaire, didactique, pédagogique et initiation à la recherche) ;

    - Dans le cadre d’une formation professionnelle réduite à un an, nous réclamons un stage en classe composé de trois périodes de trois semaines chacune en totale responsabilité dans une seule et même classe pendant la durée d’une période et amenant les étudiants- stagiaires à travailler dans chacun des trois cycles de l’école primaire et à être confrontés à l’enseignement de toutes les disciplines qui sont au programme de celle-ci.

    - Nous réclamons l’autonomie des ESPE par rapport aux universités afin de sanctuariser leurs moyens en postes et en budget, à la mesure des missions de l’ESPE. Les ESPE doivent constituer des Établissements à part entière et développer des partenariats avec toutes les universités de l’académie sans être intégrées à aucune ;

    - Nous réclamons une véritable représentation des enseignants et des étudiants dans les instances décisionnelles.

    Face à une situation difficile générant une importante souffrance au travail chez les formateurs et les formés et sacrifiant une partie de la scolarité de nombreux élèves, nous affirmons que la République a plus que jamais besoin de Maîtres, de Professeurs des Écoles ayant un haut niveau de formation, que les élèves ont droit à un enseignement de qualité, quelle que soit leur origine sociale et géographique et que seul l’Etat peut garantir l’accès de tous à l’éducation.

     


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