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- Une pétition pour défendre la polyvalence des maitres des écoles primaires
Les nouvelles épreuves du CRPE suscitent une grande inquiétude parmi les collègues impliqués dans la formation des PE et notamment dans toutes les disciplines qui ne font pas partie des trois seules obligatoires à l'écrit et à l'oral : français, maths et EPS.
Cette inquiétude est légitime. Il y a là en effet le risque évident d'une mutation de l'identité professionnelle des maîtres du primaire, jusqu'ici liée étroitement à la polyvalence. Cela peut aussi être regardé comme une menace sur les ambitions culturelles de l'École de la République.
Des collègues de diverses disciplines impliqués dans la formation des enseignants ont lancé une pétition intitulée : "Concours de recrutement des professeurs des écoles : où est passée la polyvalence ?"
Si vous souhaitez soutenir cette initiative, voici le lien pour signer en ligne :
http://universites.ouvaton.org/polyvalence_professeurs_des_ecoles/
Bien sûr, il ne s'agit pas d'exiger 13 épreuves pour les 13 disciplines enseignées à l'école primaire, mais de remettre à plat le dispositif d'ensemble en vue de garantir que les futurs PE maitriseront suffisamment ces disciplines, seront familiarisés avec les problèmes pédagogiques que pose leur enseignement et pourront s'engager dans un processus de perfectionnement professionnel enrichi par le travail au sein de l'équipe d'école.
Concours de recrutement des professeurs des écoles : où est passée la polyvalence ?
Placer la réforme de l’école primaire au fondement de la reconstruction de l’Ecole de
la République ne pouvait que réjouir tous ceux qui sont attachés à la qualité et à la
démocratisation de l’enseignement. On se prend à douter sérieusement que de tels objectifs
puissent être atteints au vu des nouvelles épreuves du concours de recrutement de professeurs
des écoles (CRPE). Celles-ci n’entendent sélectionner systématiquement les candidats que sur
leurs compétences en français, en mathématiques (à l’écrit) et en EPS (à l’oral). Une seule
option sera choisie à l’oral parmi sept autres « domaines » qui deviennent exclusifs les uns
des autres. Il s’agit des sciences et technologie (qui regroupent la physique, les sciences de la
vie et de la Terre et la technologie), de l’histoire, de la géographie, de l’histoire des arts, des
arts visuels, de l’éducation musicale, de l’enseignement civique et moral. Excusez du peu ! Et
encore, les candidats n’auront à présenter lors de cette épreuve qu’un dossier qu’ils auront
élaboré à l’avance, seul ou avec des tiers, relatif à une séquence d’enseignement sur un seul
sujet inscrit dans les programmes scolaires du « domaine » retenu, dossier qui fera ensuite
l’objet d’un entretien mené par un jury. Ce type d’épreuve ne permet pas de vérifier la
maîtrise des notions fondamentales dans les différents « domaines » que les candidats auront à
enseigner dès l’année suivante, en cas de réussite au concours. Qui plus est, ce type d’épreuve
les incite à focaliser tout leur travail de préparation au concours sur un seul sujet dans un
domaine et ce au détriment d’une appropriation des autres notions de ce domaine ainsi que de
celles des six autres domaines également au programme de l’école primaire.
Un étudiant titulaire d’une licence de mathématique pourrait ainsi choisir de présenter
à l’oral du concours un dossier sur un seul des aspects du programme de sciences et
technologie. En cas de succès, il devrait enseigner dès l’année suivante les sciences de la vie
et de la terre, la physique, la technologie, l’histoire, la géographie, l’histoire des arts, les arts
plastiques, l’éducation musicale et dispenser un enseignement civique et moral, sans avoir
reçu de réelle formation en ces domaines. Son dernier contact avec ces disciplines pourra
remonter à ses souvenirs des années de lycée, sachant qu’il avait préféré la voie des
mathématiques en licence… De même, si un étudiant a suivi un cursus littéraire en licence et
s’il présente un dossier en histoire des arts par exemple, ses compétences en sciences et
technologie, histoire, géographie, arts plastiques, éducation musicale, enseignement civique et
moral, relèveront d’un pari que la lourdeur des premières années d’enseignement
transformeront en chimère.
Des enseignements plus diversifiés et obligatoires en Master 1 permettraient-ils de
remédier à cette situation dommageable ? Seule la réussite au concours permettant de devenir
professeur stagiaire en Master 2, les étudiants, pour optimiser leur chance de réussite,
porteront en toute logique leurs efforts sur les enseignements préparant aux épreuves qu’ils
auront à affronter. Ils n’auront guère le loisir de s’investir dans les quelques heures
de « formation pour plus tard ». Il serait au mieux naïf de prétendre le contraire. Autre
illusion, limiter le nombre des « domaines » faisant l’objet d’une épreuve au concours n’est
pas un gage d’allègement de la préparation du concours pour les étudiants : le principe
concurrentiel d’un concours fait que la quantité d’efforts pour réussir ne sera pas diminuée
mais sera concentrée sur quelques disciplines. Enfin, que l’on imagine l’ennui des candidats
qui se profile lors de cette année de préparation de concours centrée uniquement sur deux
disciplines ; beau tremplin pour une profession déjà bien mise à mal par les réformes
précédentes.
C’est bien la polyvalence des professeurs des écoles qui est en jeu. Rappelons qu’il ne
s’agit pas de former des spécialistes de toutes les disciplines enseignées, mais de leur assurer
une formation qui leur permette de transmettre et d’élaborer avec leurs élèves la
compréhension des fondements du monde dans lequel ceux-ci vivent et sont appelés à devenir
des citoyens actifs. L’école doit très certainement apprendre aux enfants à lire, écrire et
compter, mais son objectif ne peut se réduire à cela. Rendre la formation des professeurs des
écoles optionnelle en sciences et technologie, histoire, géographie, histoire des arts, arts
plastiques, éducation musicale, enseignement civique et moral, c’est refuser de donner aux
enfants – surtout à ceux qui n’ont que l’école pour apprendre – le goût de ces domaines, à un
moment décisif de leur développement, et des bases solides pour démarrer leurs
apprentissages. En rendant très aléatoire la polyvalence effective des professeurs des écoles,
l’école primaire ne ferait que renforcer les processus de reproduction sociale : elle
accentuerait l’avantage des élèves arrivant au collège qui auront pu bénéficier dans leur
environnement familial ou social d’une culture scientifique et technique, historique,
géographique, artistique, philosophique.
Parce que nous pensons que les professeurs des écoles doivent être réellement
polyvalents, parce qu’il en va de la démocratisation de l’école de la République, nous
souhaitons que les épreuves du CRPE soient remaniées et assurent une sélection des candidats
sur une réelle maîtrise de la polyvalence, au fondement de la mission et aussi du plaisir
d’enseigner des professeurs des écoles de la République.
Les signataires (prénom, nom, profession et lieu d’exercice)
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Commentaires
Bonjour,
Je suis absolument d'accord avec vous, et je signe des 2 mains dès que vous aurez ajouté la LV à vos préoccupations! Ne fait-elle pas partie aussi de la polyvalence du PE?
Oublié du ministre, oublié des collègues...Bouhouhou!
Cordialement