• - PEILLON à l'AEF : ESPE : accréditations provisoires pour les dossiers les moins aboutis

    1er Juillet 2013

    Vincent Peillon à AEF : « Nous proposerons des accréditations provisoires pour les dossiers d'Espé les moins aboutis »   

    AEF : Quels objectifs fixez-vous aux Espé?

    Vincent Peillon : La formation des enseignants constitue le levier essentiel pour améliorer le système éducatif français. Avec les Espé, cette formation va être intégrée, c'est-à-dire proposer en même temps une formation disciplinaire et professionnalisante sur plusieurs années. Cette professionnalisation des futurs enseignants constitue une vraie rupture, en particulier pour les professeurs du secondaire. Nous avons pour cela revu les concours pour donner plus d'importance à la mise en situation et à la pratique, nous avons développé l'alternance dès le M1 et favorisé l'intervention des professionnels sur le terrain pour venir enseigner dans les Espé. Sur les 54 000 créations de postes prévus dans l'Éducation nationale, 27 000 sont consacrés à la formation des enseignants.

    AEF : Quel regard portez-vous sur les différents projets d'Espé en cours d'accréditation?

    Vincent Peillon : Nous sommes dans un moment d'échanges, avec des allers et retours constants, pour améliorer les projets. Nous nous prononcerons sur les accréditations dans une quinzaine de jours. Nous avons donné un cadre national pour le processus d'accréditation, en fixant notamment des exigences pour le tronc commun professionnalisant, qui comprend par exemple l'accompagnement des enfants en situation de handicap ou la pratique du numérique. Concernant l'organisation des enseignements, les universités ont eu spontanément tendance à proposer des M1 très disciplinaires et des M2 davantage consacrés aux stages de terrain, or nous souhaitons une répartition de ces deux dimensions tout au long de la formation pour permettre un vrai continuum et une entrée progressive dans le métier. Cette question fait partie des discussions que nous avons avec les porteurs de projet d'Espé afin qu'ils puissent améliorer leur offre.

    AEF : Pour les projets d'Espé qui nécessitent des corrections (1), où en est le processus d'accréditation ? Allez-vous leur proposer un accompagnement spécifique?

    Vincent Peillon : Pour ceux qui ne sont pas encore tout à fait aboutis, nous proposerons une accréditation provisoire pour une durée d'un an, au lieu de cinq. Dans l'année qui vient, ils seront accompagnés pour parfaire leur dossier. Certains peuvent manquer de ressources en interne - par exemple de pas disposer localement de spécialistes de la laïcité ou de la violence -, nous viendrons alors en appui en mettant à leur disposition une équipe nationale qui pourra intervenir dans leur Espé en attendant qu'ils mettent en place leur propre dispositif. Il faudra aussi que des enseignants innovants, par exemple sur le numérique, ceux qui sont capables de de former leurs collègues, puissent intervenir dans les Espé.

    AEF : Comment ces enseignants pourront-ils intervenir dans les Espé?

    Vincent Peillon : Nous avons prévu pour cela 1 000 ETP qui permettront à plusieurs milliers d'enseignants d'intervenir dans les Espé. J'ai demandé aux recteurs de le prévoir dès la rentrée 2013. Ces enseignants seront partiellement déchargés. Partiellement, car il faut éviter que ceux qui forment leurs futurs collègues soient coupés du terrain. C'est une erreur que nous ne devons pas reproduire. Je souhaite qu'ils gardent des classes en responsabilité. Cela concerne aussi d'autres personnels comme les CPE ou les psychologues par exemple.

    AEF : Quelles sont les caractéristiques des projets d'Espé qui vous semblent réussis ?

    Vincent Peillon : Les meilleurs projets ont totalement intégré les projets de professionnalisation et ont organisé une réelle progressivité M1-M2. Ils ont par exemple prévus six semaines sur le terrain dès le M1, quand d'autres envisageaient de n'en faire que deux. Ils ont bien réfléchi à l'organisation du tronc commun. Lors du séminaire de travail du lundi 1er juillet à Lyon, les porteurs de projet qui ont très bien avancé par rapport aux attendus ministériels présenteront des exemples concrets.

    Dans un autre registre, les projets les plus aboutis sont ceux qui ont su régler les sujets relatifs à la gouvernance. Pour certains, cela a été traité sans difficulté, mais il faut reconnaître que cette demande n'était pas simple car elle va à contrario de la mise en concurrence, ces dernières années, de certains sites universitaires au sein d'une même académie.

    AEF : Quelle sera la part consacrée à la formation continue dans les Espé ?

    Vincent Peillon : Je souhaite que les Espé intègrent la recherche et portent les plans de formation continue. Nous fixons pour cela des priorités, comme le numérique par exemple. Il faut que progressivement nous reformions aussi un réseau de formateurs, qui a été réduit à la portion congrue dans le primaire et qui n'a jamais réellement existé dans le secondaire. La formation continue repose nécessairement sur un réseau dense de formateurs et de conseillers pédagogiques. La création d'un tel réseau pour le second degré fera partie des discussions que l'on ouvrira à l'automne. Je mobilise aussi pour cela les inspections générales, les inspecteurs pédagogiques régionaux et les chefs d'établissement.

    AEF : Dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants, pourquoi avoir choisi de ne pas traiter le concours de l'agrégation ?

    Vincent Peillon : Il était préférable de mettre cette question de côté à ce stade. D'une part, elle était un peu marginale par rapport à l'ensemble du chantier sur la formation des enseignants et d'autre part, le cas des professeurs agrégés pose des problèmes spécifiques qui doivent être examinés dans le cadre d'une discussion globale sur leur place dans le secondaire.

    AEF : Pour créer une « culture commune » des professionnels de l'éducation, allez-vous réformer l'Esen ?

    Vincent Peillon : L'Esen est déjà en train de changer. J'ai demandé au nouveau directeur de veiller à être un appui pour la partie professionnalisante des Espé, de participer au travail de mutualisation et de coordonnation des différentes Espé, qui devront travailler ensemble et ne pas s'ignorer.                                                                                                                        

    (1) Interrogé par AEF, le ministre n'a pas souhaité détailler les projets d'Espé concernés. Au Sénat le 21 juin, le ministre indiquait que « le travail mérit[ait] d'être profondément revu » pour « trois groupes d'universités » (AEF n°184516) 
                                                                                                                                              

                                                 

                                    

     


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