• -Motion des enseignants d’histoire et de géographie de l’UFR SHS de l’UPEMLV

    Les enseignants d’histoire et de géographie de l’UFR SHS de l’UPEMLV réunis le 8 février 2013 pour examiner les textes de la nouvelle réforme de la formation des enseignants, ont fait le constat que cette réforme risquait d’accélérer la dégradation de la formation des enseignants engagée par la mastérisation.
    Le nouveau concours prévu dans ces textes ne laisse qu’une place très réduite aux savoirs des disciplines de spécialité : une seule épreuve sur quatre porte sur les savoirs disciplinaires en tant que tels et, en outre, le barème de notation conduit à les sous-évaluer nettement (1/6 de la note globale d’admission au CAPES). Les autres épreuves du concours se veulent à coloration « didactique », pédagogique » et sont destinées à évaluer des compétences dites « professionnelles ». Comme si des compétences professionnelles pouvaient s’évaluer sans élèves ! Cette option pseudo-professionnelle dominante du concours mènera donc au bachotage d’un répertoire de « procédés didactiques » sans rapport avec une pratique de classe et sans ancrage disciplinaire et donc à un affaissement du niveau scientifique des enseignants. Faut-il le rappeler : une formation professionnelle de qualité ne peut pas reposer sur une maîtrise des savoirs diminuée et la didactique, comme l’ont toujours défendu les spécialistes de cette discipline, n’a pas de sens sans ancrage disciplinaire. À valoriser le « professionnel d’abord » déconnecté des autres savoirs, on risque de priver les étudiants du socle de connaissances indispensable à toute réflexion critique sur les apprentissages de leurs élèves et sur leurs objectifs ; on les prive du bagage théorique et méthodologique indispensable pour tirer pleinement profit de la pratique de classe encadrée en M2 et pour s’approprier le métier d’enseignant de manière progressive, autonome et sûre.
    Le calendrier prévu entraîne non seulement la surcharge du M1 au nom d’une rhétorique vide de « l’intégration » du disciplinaire, du didactique, du pédagogique et du professionnel mais en M2 l’essentiel du temps sera inévitablement consacré au stage (un mi-temps d’un service normal) : à vouloir tout faire en même temps, on aura donc une préparation disciplinaire insuffisante, une formation professionnelle illusoire (car non-adossée à une pratique de terrain) et une initiation à la recherche inexistante.
    La mention « MEEF » des nouveaux masters élimine l’affichage disciplinaire porteur de contenus. Plus profondément, on assiste à une dénaturation des maquettes de master, réduisant de plus en plus la part des disciplines du S1 au S4 et rendant quasi impossible, voire inutile, un véritable travail de recherche disciplinaire. Quelle pourra être notre place dans ce dispositif ? Le rythme effréné qu’entend maintenir le ministère pour mettre sur pied sa réforme n’est en outre pas fait pour nous rassurer. Pourquoi ne pas prendre le temps d’une véritable concertation avec les vrais acteurs – ceux du terrain si cher pourtant aux initiateurs du projet !- de la formation ? Les enseignants d’histoire et de géographie de l’UFR SHS de l’UPEMLV, conscients de leur responsabilité dans la réussite de leurs étudiants et de la nécessité d’améliorer la formation des futurs enseignants, s’interrogent donc sur leur place dans ce dispositif qui leur semble à la fois inefficace et porteur d’une dégradation inacceptable de la qualité de la formation des enseignants. Il nous semble indispensable que de nouvelles dispositions permettent à la formation disciplinaire et à la formation à la recherche des futurs enseignants d’occuper dans les MEEF une place significative, établie en concertation avec tous les acteurs de ces masters.
    Après avoir été quasiment écartés de la concertation concernant les nouveaux textes, il nous semblerait normal que les enseignants-chercheurs soient enfin réellement associés, à tous les niveaux, à la réflexion sur l’organisation des ESPE et à la mise en place de la nouvelle formation des enseignants du secondaire. Nous demandons en outre que toutes les instances de l’université se saisissent de ces questions fondamentales pour l’avenir de notre système éducatif.


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