• - Les IREM asphyxiés par le MESR

    Les Instituts de recherche sur l'enseignement des mathématiques (IREM) asphyxiés par le MESR

    Dans un texte mis en ligne sur le site de la Commission française pour l'enseignement des mathématiques (CFEM), Fabrice Vandebrouck, président de l'ADIREM (Assemblée des directeurs d'IREM), s'indigne de la suppression par le MESR de la subvention qui était accordée jusque-là au réseau des IREM, mettant ainsi en danger ce qui reste de la formation continue des enseignants de mathématiques :

    "Depuis le depuis le 12 février, le réseau des Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (IREM) et son assemblée des directeurs (ADIREM), dont j’assure la présidence depuis janvier, n’ont plus de budget ! Si la formation continue des enseignants de mathématiques, déjà démantelée lors des législatures précédentes, reste encore de grande qualité, c’est pourtant bien lié à l’existence de ce réseau des IREM."

    Texte complet à lire ici :

    http://www.cfem.asso.fr/le-point-de-vue-du-mois/adirem

    ou ci-dessous :

    Les IREM menacés

    Contribution de F. Vandebrouck président de l'assemblée des directeurs d'IREM (ADIREM).

    Les modalités d’épreuves des prochains concours de recrutement des enseignants viennent d’être mises en ligne. J’y lis : « La formation des enseignants constitue une composante essentielle de la refondation de l’Ecole de la République engagée par le Gouvernement. Toutes les études montrent que la qualité de la formation initiale et continue reçue par un professeur joue un rôle déterminant dans la qualité de son enseignement et donc dans la réussite de ses élèves ». Pourtant, depuis le 12 février, le réseau des Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (IREM) et son assemblée des directeurs (ADIREM), dont j’assure la présidence depuis janvier, n’ont plus de budget ! Si la formation continue des enseignants de mathématiques, déjà démantelée lors des législatures précédentes, reste encore de grande qualité, c’est pourtant bien lié à l’existence de ce réseau des IREM.

    J’enchaine courriers et coups de téléphone auprès des partenaires, institutions, associations, afin d’alerter sur cette décision historique du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Mon courrier du 11 mars a par exemple été mis en ligne sur le site de la CFEM. Outre le fonctionnement du comité scientifique (CS), de l’assemblée elle-même, ce sont quatre colloques du réseau des IREM qui sont dès à présent en difficulté, voire en péril : les colloques annuels des Commissions Inter IREM (C2I) CORFEM (Commission de Recherche sur la Formation des Enseignants de Mathématiques) et COPIRELEM (Commission  Permanente des IREM pour l'Enseignement Elémentaire), le colloque bisannuel organisé par la C2I Histoire et Épistémologie et enfin le colloque organisé conjointement par la C2I Université, la C2I Lycée et la C2I Statistique et  Probabilités sur les nouveaux programmes du secondaire et leurs conséquences à la rentrée universitaire 2013. La force du réseau, fort heureusement toujours soutenu par le Ministère de l’Éducation Nationale, ainsi que la motivation de ses animateurs, font que ces colloques pourront tout de même être proposés aux enseignants de mathématiques et à leurs formateurs. Mais toute l’énergie déployée à trouver des financements, des solutions de contournement et d’économie, la mise en place de frais d’inscriptions pour ces colloques, constituent un gâchis phénoménal qui pourrait être mis à profit plus efficacement pour des activités scientifiques. Difficile par exemple dans ces conditions d’être un partenaire efficace de la CFEM et d’œuvrer à ses côtés à l’amélioration de l’enseignement des mathématiques sous toutes ses formes.

    Les directeurs d'IREM, lors de leur réunion du 23 mars 2013, ont décidé de se battre vigoureusement pour lutter contre le danger présent. En particulier, Christian Mercat, vice-président de l’ADIREM, Michèle Artigue, présidente du CS, Nicolas Saby et Frédérique Plantevin respectivement ex-président et ex-vice-présidente de l’ADIREM et Jean-Pierre Raoult, ex-président du CS, soutiennent et participent aux démarches. Leurs formulations inspirent souvent, avec leur accord, certain de mes courriers en manque d’inspiration. Je reprends ici une réaction qui m’a été soufflée par l’un d’entre eux  « on ne va tout de même pas nous laisser aggraver de 0,000001 % le déficit budgétaire Français quand celui-ci dépasse chaque année les 3% du PIB ». Oui, le budget de l’ADIREM ne représente qu’une goutte d’eau dans le budget total de la France mais encore plus que les dernières années, il faut se préparer à un été de sécheresse. Bien sûr certains partenaires nous ont déjà manifesté leur soutien, un mouvement s'amorce que nous voulons amplifier.

    Oui, la formation des enseignants, sous toutes ses facettes, devait être l’une des priorités du gouvernement qui s’est mis en place en 2012 ! Toutes les années passées dans l’opposition, à préparer le retour aux responsabilités, n’ont sans doute pas dû suffire pour proposer un budget réaliste accompagné de promesses tenant compte de la situation difficile de la France. On nous propose de nous rapprocher d’une Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education (ESPE) qui porterait un axe national pour la formation des enseignants, au motif qu’il n’y a pas d’argent prévu pour les réseaux nationaux. Il est bien évident, que dans chaque académie, localement, les IREM se rapprochent des porteurs de projets d’ESPE pour valoriser le modèle de formation continue qu’ils ont su développer depuis leur création : un modèle unique et original, basé sur des travaux de recherche collaborative entre enseignants de tous statuts. Mais n’y a-t-il pas une incohérence, à sacrifier sur l’autel d’un repli institutionnel, la cohérence du maillage national des IREM à l’ère du développement et de la valorisation du travail en réseau sous tous ses formes ?

    Nous savons bien que la formation continue des enseignants est tout aussi importante que la formation initiale. Les enseignants eux-mêmes, et notamment ceux qui n’ont pas bénéficié d’une formation initiale complète depuis la réforme dite de la « mastérisation »,  proclament qu’ils en ont grand besoin : que ce soit pour l’intégration maîtrisée des TICE dans l’enseignement quotidien, qui n’est pas encore achevée,  pour apprécier l’évaluation par compétences et la place donnée aux problèmes ouverts, pour initier dans les classes la démarche d’investigation, et globalement pour faire face aux nombreuses évolutions des programmes. En réalité devant toutes ces réformes qui concourent à préconiser de changer assez profondément la nature des mathématiques enseignées (et apprises), il y a sans doute lieu de renouveler l’équilibre entre conjectures, démonstration, calculs ; mais c’est bel et bien la cohérence de la profession qui est en jeu et qui se doit plus que jamais d’être accompagnée par une formation continue de qualité.

    Outre ses colloques à destination des enseignants et des formateurs, le réseau diffuse également des publications. La dernière, « Probabilités au collège : ne pas laisser l’enseignement des probabilités au hasard », proposée par la C2I Collège et la C2I Statistique et Probabilités est coéditée avec l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public (APMEP). Elle s’est voulu une réponse à l’une de ces évolutions de programmes : l’introduction d’un enseignement des probabilités dès le collège. Pour beaucoup d’enseignants, la formation aux probabilités était lointaine, voire inexistante. La brochure propose autant des articles de fond sur le sujet que des exemples de situations éprouvées et à mettre en œuvre en classes. Ancrée dans des travaux de groupes IREM valorisés aux niveaux des C2I, cette brochure est maintenant non seulement un outil dont tous les enseignants peuvent s’emparer mais aussi un outil disponible dans tout le réseau des IREM pour alimenter des formations continues sur le thème des probabilités. Comment penser un dispositif de formation aussi riche ?

    Et les IREM ne s’occupent pas que de formation continue ! Je passe par exemple sur toutes leurs actions de promotion des mathématiques, tant aux niveaux des élèves que du grand public. Un argumentaire pour la défense des IREM reprend les actions de façon plus exhaustive. Les IREM ont déjà été mis en difficulté par leurs tutelles. J’ai demandé à ce que soit également publiée dans cette lettre une copie d’un article du journal Le Monde daté du 1er octobre 1977 intitulé « Ombre sur les IREM ». A cette époque, les menaces sur les IREM faisaient l’objet d’articles dans la presse. Peut-être pourrait-il en être autant aujourd’hui alors que l’école et la formation des enseignants sont plus que jamais à la une ? Le « Collectif de Défense des IREM » qui s’était créé à l’époque est aujourd’hui réactivé grâce à Evelyne Barbin, coresponsable de la C2I Histoire et Epistémologie, et Dominique Tournès, directeur de l’IREM de la Réunion. Son rôle est au côté de l’ADIREM de faire valoir l’expérience unique des IREM, vieille maintenant de plus de quarante ans, l’importance de ce cadre de travail collaboratif avec les chercheurs, l’importance de ce travail en réseau qui a fait des IREM une structure moderne bien avant l’heure.

    Fabrice Vandebrouck, le 22 avril 2013


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