• - Épreuves du CRPE : des formateurs de Livry-Gargan s'alarment

    Des formateurs du centre départemental de Seine-Seine-Denis de l’IUFM de l’académie de Créteil (Centre de Livry-Gargan) s'inquiètent des effets délétères qu'auront la nouvelle organisation du concours de PE et les horaires du master MEEF-PE sur la polyvalence des maitres du primaire. Ils réclament notamment une augmentation de l’enveloppe horaire globale du master « premier degré » et une modification des équilibres internes en faveur des enseignements disciplinaires et didactiques. 

     

     

    La formation disciplinaire et didactique des professeurs des écoles sacrifiée

    dans la maquette du master « premier degré » de l’académie de Créteil 

     

    La formation des futurs enseignants s’effectue depuis quelques années dans le cadre d’un master censé les mettre en mesure d’exercer le métier auquel ils se destinent. Il est prévu que l’organisation de cette formation et donc celle du master qui la supporte soient modifiées à la rentrée 2013.

    Or, le projet de maquette de master « premier degré » (Université UPEC de l’académie de Créteil) sacrifie la formation disciplinaire et didactique des futurs professeurs des écoles. L’année de M2 sera consacrée au stage comme professeur stagiaire, stage constitué par la responsabilité totale d’une classe et donc des apprentissages des élèves pour l’équivalent de la moitié d’un service d’un enseignant titulaire. En conséquence, pour nos futurs enseignants, l’acquisition de la maîtrise des contenus enseignés à l’école se situera principalement en M1.

    A titre d’exemple, pour se former à l’enseignement des arts visuels de la petite section de maternelle jusqu’au CM2, le master prévoit 12,5 h (contre un volant de 24 à 60 h avant 2009). La situation est la même pour l’éducation musicale.

    Pour se former à l’enseignement de la construction des notions de temps et d’espace en cycle 1, de la découverte du monde en cycle 2, de l’histoire, de la géographie, de l’instruction civique et morale et histoire des arts en cycle 3, le master prévoit 25 h (contre 98 avant 2009).

    Pour se former à l’enseignement de la biologie-géologie : 8 heures ; technologie : 8 heures ; physique : 8 heures (contre environ 30 heures en moyenne dans chacune de ces disciplines en 2009).

    A l’évidence, ces faibles volumes horaires dans la formation des futurs professeurs des écoles ne leur permettront pas de dispenser aux élèves un véritable enseignement dans les disciplines au programme de l’école.

    SOMMES-NOUS PRETS A CAUTIONNER  CETTE NOUVELLE DEGRADATION DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS ?

    Les causes de cette dégradation :

    1.      Pour une large part, cette situation résulte du dispositif ministériel concernant la formation des enseignants :

    -         d’une part, le concours étant situé en fin de M1, l’année de M1 doit nécessairement être consacrée à sa préparation

    -         d’autre part, il sera exigé des étudiants de M2 lauréats du concours, devenus fonctionnaires-stagiaires, d’assurer un demi-service d’enseignement en totale responsabilité.

     Par conséquent, en M1, il y aura obligation de mener de front formation disciplinaire, didactique et pédagogique, préparation au concours, stages d’observation et initiation à la recherche prévue par le master. En M2, il faudra assurer le demi-service d’enseignement et trouver le temps nécessaire pour préparer pour la première fois les cours à dispenser à ses élèves, valider les enseignements du master et finaliser le mémoire de recherche.

    Il sera impossible tant en M1 qu’en M2 de répondre de façon satisfaisante à toutes ces exigences.

    2.      Cette situation, qui se traduit par un effondrement de la formation disciplinaire et didactique des futurs enseignants, est encore aggravée par ce qui est prévu pour le nouveau concours. En effet, les épreuves, à forte coloration professionnelle, ne permettent pas d’évaluer la maîtrise des contenus. Celle-ci n’est véritablement évaluée qu’en mathématiques et français et les candidats n’ont à choisir qu’une discipline parmi les autres enseignées à l’école. Dans cette discipline, ils seront interrogés à partir d’un dossier dont ils ont choisi le sujet et qu’ils auront élaboré à la maison, ce qui permettra aux candidats, dans la discipline choisie, de s’exonérer de l’appropriation des autres notions au programme de l’école et ce qui les autorisera à négliger toutes les autres disciplines sur lesquelles ils ne seront pas évalués.

    3.      Mais pour une autre part, cette situation résulte de choix locaux, effectués par le Comité de pilotage interuniversitaire où siègent les présidents des universités et le directeur de l’IUFM de l’académie de Créteil et par le Conseil de perfectionnement où siègent des représentants de l’employeur et des représentants de l’IUFM :

    -         choix de limiter le coût de cette formation en abaissant à l’excès le volume horaire global de la maquette : 440 h en M1 et 260 h en M2 (à titre de comparaison, la maquette de l’académie de Versailles prévoit entre 520 et 600h en M1 et entre 360 et 420 h en M2) ;

    -         choix, à l’intérieur de cette enveloppe réduite, d’attribuer un grand nombre d’heures à l’initiation à la recherche et ce au détriment des autres dimensions de la formation.

    SOMMES-NOUS PRETS A ACCEPTER  CETTE MAQUETTE QUI SACRIFIE LA FORMATION DISCIPLINAIRE ET DIDACTIQUE DES ENSEIGNANTS ?

    Beaucoup de formateurs de l’IUFM de l’académie de Créteil s’inquiètent de cette diminution drastique des enseignements disciplinaires et didactiques et plusieurs l’ont critiquée, y compris au sein d’instances institutionnelles, et dénoncé l’opacité des prises de décisions qui engagent l’avenir de la formation, des personnels et des élèves.

     

    Les formateurs du centre départemental de Livry-Gargan, réunis le 25 avril 2013, soutenus par l’Intersyndicale SUD éducation / CGT et des syndiqués au SNESup,

     

    1.    Exigent la réécriture totale de la maquette du master PE, permettant, dans la transparence, d’augmenter le volume horaire global de la maquette et de modifier les équilibres internes en faveur des enseignements disciplinaires et didactiques.

     

    2.    Ils appellent l’ensemble de leurs collègues, dans le cadre des départements disciplinaires, à refuser la remontée des descriptifs des EC.

     

    3.    Ils appellent les instances élues de l’IUFM et de l’UPEC à ne pas entériner une maquette qui amplifie les effets désastreux du dispositif gouvernemental sur la formation des enseignants et à émettre des votes de refus de cette réforme telle qu’elle se profile, car elle ne permettra pas de mieux former les enseignants, et à réclamer du gouvernement une réelle refondation de la formation des enseignants.

     

    Nous réclamons une maquette de master conforme au cadre national des formations liées aux métiers du professorat du premier et du second degré de l’éducation émanant du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche qui précise que « la formation permet d’acquérir, de manière progressive et intégrée, un haut niveau de compétences professionnelles, tant disciplinaires que didactiques et scientifiques, ainsi que celles spécifiquement liées au contexte d’exercice du métier ».

     

    Dans l’attente d’une réelle refondation de la formation et du recrutement des enseignants que nous appelons de nos vœux, nous réclamons pour l’immédiat :

     

    -         une réécriture du projet d’arrêté fixant les modalités du nouveau concours, réécriture garantissant une réelle évaluation des connaissances des candidats dans un grand nombre de disciplines enseignées à l’école,

     

    -         une redéfinition du stage de M2 qui ne dépasse pas une moyenne d’un tiers de service d’un enseignant titulaire et qui garantisse dans ses modalités un équilibre : un tiers du temps de stage dans chacun des trois cycles de l’école primaire. 

     

    En l’état, comment imaginer dans une telle configuration pouvoir former des enseignants pour répondre à l’ambition proclamée de réaliser une Ecole de la réussite pour tous. Le nouveau gouvernement a pourtant tous les moyens politiques de mettre en œuvre une réforme historique de la formation des enseignants, à la hauteur de l’ambition proclamée.

     

    Livry-Gargan,

    Le 1er mai 2013,

     

    Les formateurs du centre départemental de Seine-Saint-Denis de l’IUFM de l’académie de Créteil, école interne de l’Université Paris-Est Créteil, soutenus par l’Intersyndicale SUD éducation / CGT et des syndiqués au SNESup.

     

     


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