• Après avoir reçu le soutien de la CGT Éducation, après avoir rencontré SUP-Recherche (UNSA), une délégation du GRFDE a été reçue par la FNEC-FP FO. Comme l'indique le communiqué commun ci-dessous, les deux délégations ont pu observer de nombreux points de convergence dans leurs analyses et
    leurs propositions.

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  • On trouvera ci-dessous, la partie du texte de la loi (Chapitre VI) publié au Journal Officiel du 9 juillet concernant les ESPE à télécharger en PDF.

    Télécharger le JO Loi du 08.07.13 ChVI ESPE

     


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  • Déclaration des élus du CT au sujet du dossier d'Espé de l'académie de Grenoble

    Séance du 9 juillet 2013

    Il nous est demandé aujourd'hui de donner un avis sur la création d'une structure, l'ESPE, qui n'a d'ailleurs pas à ce jour d'existence juridique.

    Compte-tenu

    - des conditions de précipitation et d'absence de concertation dans lesquelles le projet de l'ESPE a été construit,

    - des tensions et des rivalités entre composantes et entre établissements qui se sont développées, dans un contexte particulièrement incertain sur le futur des relations inter établissements, et l'incertitude sur les moyens budgétaires qui seront alloués aux missions de l'ESPE,

    - de l'inquiétude des personnels et des étudiants sur leur avenir,

    - du caractère extrêmement minimaliste du rôle de l'ESPE dans le projet qui nous est soumis, comparé aux missions qui sont inscrites dans la loi de refondation,

    - de la fragilité et de l'arbitraire du modèle économique proposé,

    - de l'absence totale d'informations sur l'organisation administrative et les affectations de personnels,

    - du caractère inacceptable de la composition du conseil d'école et des craintes que l'on peut avoir concernant sa mise sous tutelle par le comité de pilotage,

    Nous émettons un avis défavorable sur ce projet et nous demandons que le mode de

    fonctionnement fondé sur le réglement intérieur actuel (missions, instances de décision,

    organisation administrative et pédagogique) de l'IUFM soit maintenu pour un an au moins, sous le nom d'ESPE si le ministère l'exige, afin de donner à l'ensemble des acteurs de la formation des enseignants le temps et les moyens d'élaborer un projet véritablement concerté, en cohérence avec l'émergence d'un projet de structuration de l'Université de Grenoble Alpes, auquel les personnels et les étudiants et leurs organisations représentatives doivent être étroitement associés.

    Nous demandons instamment que le résultat de notre vote et son explication soient transmis

    - immédiatement, aux conseils d'administration de l'UJF et de l'Université de Savoie, qui sont appelés à se prononcer sur ce projet aujourd'hui,

    - sans délai, aux autres CA et aux CT des différents établissements.

    Nous demandons également que le groupe de travail sur l'ESPE de l'inter-CT se réunisse dans les plus brefs délais.

     Les élus CGT, FSU, SGEN, UNSA du CT de l'UJF


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  • Vous trouverez ici le contenu de la lettre que le GRFDE a adressée le 23 juin à François Hollande.

    Télécharger la lettre au président de la République au format pdf

     

    Monsieur le Président de la République,

    Toutes et tous, nous avons combattu la désastreuse réforme Darcos-Pécresse de 2009, dite de la « mastérisation », annoncée il y a tout juste 5 ans, par Nicolas Sarkozy. Contre l’idéologie ultralibérale qui inspirait cette réforme, nous avons défendu avec opiniâtreté cette idée : « Enseigner est un métier qui s’apprend ! » Durant la campagne électorale de 2012, vous avez annoncé que votre gouvernement reconstruirait la formation des enseignants et qu’il ferait de ce chantier une priorité. Nous nous sommes réjouis de vos déclarations.

    Aujourd’hui, à moins de trois mois de la création des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), vous devez nous entendre à votre tour : la réforme préparée par le gouvernement n’est nullement celle qui était attendue. À certains égards, elle aggravera la situation actuelle. Nous avons tenté de faire entendre nos analyses et propositions en participant activement à la concertation Refondons l’école de la République, en rencontrant les conseillers chargés de la formation des enseignants des deux ministres en charge de cette question et en rencontrant plusieurs députés et sénateurs de votre majorité parlementaire. Nos efforts ayant été vains, nous avons décidé de nous tourner vers vous aujourd’hui en vous rapportant d'abord nos analyses, puis nos propositions. Vous avez le pouvoir d’arrêter cette réforme et de rouvrir ce chantier si important pour l’avenir de notre école et de notre société. C’est ce que nous vous appelons à faire en urgence. Voici pourquoi.

    Ce qui est prévu par les deux ministres en charge de cette réforme tente un compromis intenable sur deux ans entre les systèmes d'avant et d'après 2009. Ce projet, s'il est maintenu, cumulera les contraintes et les dégradations de la formation, déjà observées sous chacun de ces deux systèmes. Durant les deux seules années de formation, les étudiants devront tout à la fois préparer et réussir le concours (celui de professeur des écoles, le CAPES, etc), apprendre leur futur métier comme avant 2009, et obtenir un master, préparer et soutenir un mémoire de recherche comme après 2009. Tout ceci avec une forte augmentation, par rapport à l’avant 2009, de la durée du stage en seconde année, qui représente la moitié du temps de travail hebdomadaire devant élèves d'un enseignant titulaire (au lieu de 33 à 40 % avant 2009). Ce faisant, — n’est-ce pas un comble pour une réforme portée par un gouvernement de gauche ? — on s’apprête à réduire d’une année le cadre légal de la formation initiale des enseignants. Depuis 2009, en effet, ce cadre légal était de trois années : deux années de master et une année de stage sous statut de fonctionnaire stagiaire. Dorénavant, les deux dernières années seront fusionnées en une seule. De plus, les horaires moyens de formation prévus par les nouveaux masters « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF) passeront de 900 heures actuellement à 750 heures environ.

    Sans bouleverser le cadre actuel, il aurait suffi de décharger les stagiaires de la moitié de leur temps de service (en troisième année, après le master) pour améliorer considérablement leur formation. En revanche, de quelque manière que l’on s’y prenne, dans un cadre étriqué de deux années, la première étant occupée par la préparation du concours et la seconde par le stage, et avec une durée de formation diminuée, on ne pourra rien faire de façon satisfaisante, ni la formation académique des enseignants, ni leur formation pédagogique et pratique, ni leur formation à et par la recherche, qui est pourtant le propre d’un master.

    S’agissant de la formation académique et disciplinaire, la réforme entraînera un affaissement du niveau de connaissances des futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Ce sera la conséquence inéluctable de concours centrés sur la didactique des disciplines pour 75 % à 80 % de la note finale. Cette modalité de recrutement paraîtrait normale si les candidats avaient déjà acquis en licence les connaissances principales pour maîtriser les savoirs qu’ils devront transmettre. Mais c’est loin d’être le cas après la réduction importante des heures de formation — et l’évolution concomitante des exigences — que la plupart des licences ont subies dans les vingt dernières années. Et ce n’est pas la seconde année des masters MEEF, centrée sur le stage pratique, ni la formation continue, quasiment anéantie, qui permettront de combler d’aussi importantes lacunes dans la formation académique.

    En outre, pour la première fois depuis les années 1970, le nouveau concours de recrutement des enseignants du primaire, défini par un récent arrêté, n’évaluera plus leur capacité à enseigner l’ensemble des disciplines inscrites aux programmes des écoles maternelles et élémentaires. Les épreuves porteront uniquement sur trois d’entre elles (Français, Mathématiques et EPS) et sur un sujet que le candidat devra choisir dans une seule parmi toutes les autres disciplines (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Histoire, Géographie, Musique, Arts visuels, Histoire des Arts, Enseignement civique et moral), ravalées dès lors au rang de « petites disciplines ». De surcroît, rien n’est prévu pour l’évaluation de la capacité des futurs professeurs des écoles à enseigner les langues vivantes. On ne mesure sûrement pas à ce jour les mutations que ce nouveau concours imposera à l’identité professionnelle des professeurs des écoles, qui était étroitement associée, depuis les lois Ferry, à la polyvalence disciplinaire. On pourrait certes compter sur les formations des masters MEEF en première année pour garantir a minima cette polyvalence. Mais comme la formation dispensée en première année de ces masters sera essentiellement orientée vers la préparation du concours, les étudiants auront tendance à négliger les disciplines qu’ils ne rencontreront pas au concours. La formation à la polyvalence disciplinaire sera encore plus aléatoire chez les candidats issus d’autres masters qui seront néanmoins, comme aujourd’hui, la majorité.

    Il faut aussi regretter que, dans le cadre de cette réforme, les ministères n'aient pas pris à bras-le-corps la question des licences conduisant au master « professorat des écoles ». Des licences pluridisciplinaires intégrant une réflexion épistémologique et didactique sur la polyvalence seraient un bon moyen de donner un niveau décent aux futurs professeurs des écoles dans les différentes matières qu'ils auront à enseigner et à articuler. Monsieur le Président, vous devez être conscients que, dans le meilleur des cas, les futurs professeurs d'école maternelle et élémentaire n'auront eu ainsi qu'une quarantaine d'heures durant le master pour se former, par exemple, à l'enseignement des mathématiques, de la maternelle au CM2 : enseignement du nombre (entiers, fractions, décimaux), du calcul, de la résolution de problèmes, de l'espace, des mesures, etc. Le contingent sera tout aussi réduit pour réfléchir aux problématiques liées à l'enseignement du français (apprentissage de l’oral, développement du vocabulaire, enseignement de la lecture, de l'écriture, de la production des textes, de l’orthographe, de la grammaire, etc.), sans parler des autres disciplines (sciences, histoire, géographie, langue vivante, musique, EPS, arts visuels, etc.) qui se verront réduites à une portion encore plus congrue. La « gestion de la classe » sera abordée de façon magistrale et inefficace, car les horaires du master et l’absence de stage en première année ne rendront pas possibles les analyses de pratiques. Finalement, nous réussirons à être le seul pays d'Europe où les futurs professeurs des écoles passeront 5 ans à l'Université tout en étant aussi peu formés à leur futur métier.

    On ne peut assurer une meilleure formation pédagogique des futurs enseignants en sacrifiant peu ou prou la maîtrise des contenus enseignés. Mais, alors que la réforme est surtout censée améliorer la formation didactique et pédagogique des enseignants, celle-ci s’annonce inconsistante. En première année, les étudiants devront se préparer de façon très théorique à des épreuves de didactique alors qu’ils n’auront eu aucune expérience sérieuse de l’enseignement. C’est comme si, au permis de conduire, pour passer le code et avant d’avoir eu leur premier cours de conduite, les candidats devaient par exemple expliquer à l’examinateur les gestes qu’il faut enchaîner pour réaliser un créneau. Qui peut croire que les plus performants dans ce type d’exercice seraient aussi, par la suite, les meilleurs conducteurs ?

    En seconde année, avec un stage à mi-temps en complète responsabilité, les lauréats ne pourront que préparer leurs cours du lendemain, ils n’auront pas le temps de prendre du recul sur leur pratique, d’analyser les erreurs de leurs élèves, de se documenter sur d’autres approches de la même notion ou de la même œuvre, de reconsidérer leurs choix didactiques ou pédagogiques… Ils ne pourront donc pas bénéficier d’une authentique formation en alternance.

    Alors que le cadre des masters devrait valoriser la formation des enseignants par et à la recherche, celle-ci sera réduite à peu de choses par un emploi du temps très contraint. De fait, on ne pourra offrir aux étudiants que des ersatz de masters.

    « Il est indispensable de restaurer, après le désastre de la mastérisation, une formation initiale et continue digne de ce nom », disiez-vous en 2012 (lettre du 12 mars à la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques). Rognée d’année en année depuis 2002 par la réduction systématique des moyens de remplacement, la formation continue des enseignants est maintenant en charpie. Mais elle est aussi la grande oubliée de la réforme en cours. Pourtant, sans une politique volontariste et planifiée de formation continue, on voit mal comment les enseignants pourront s’approprier les recherches sur les apprentissages scolaires, développer le travail en équipe et perfectionner leurs pratiques pédagogiques au bénéfice des élèves les plus en difficulté. Rien dans les mesures annoncées par les ministres et dans les moyens alloués ne permet d’espérer que la réforme en cours ouvrira une nouvelle ère pour la formation continue.

    Soyons lucides : avec ce projet de réforme de la formation des enseignants, la refondation de l’école de la République est compromise. On peut même craindre une dégradation de l’efficacité de l’école.

    Ce dispositif engendrera une masse considérable de « reçus-collés », reçus à la première année de master mais « collés » aux concours, ce qui, dans les conditions actuelles, serait le cas de 3 candidats sur 4 en moyenne. Pour la plupart, ces jeunes auront à cœur de persévérer dans leur orientation vers le métier d’enseignant et tenteront le concours une seconde fois, à la fin de la seconde année de master. Comme les universités sont invitées à leur garantir cette poursuite d’étude et comme ils seront ainsi mieux préparés que leurs camarades de première année, on les verra bientôt les surpasser au concours. Ironie de l’Histoire, on dérivera ainsi vers un retour de fait au système actuel Darcos-Pécresse, dans lequel le concours est passé en seconde année de master, après deux années de bachotage.

    De plus, les jeunes détenteurs d’un master enseignement mais n’ayant pas obtenu le concours formeront d’année en année une masse de dizaines de milliers de précaires, réputés capables de «faire le job». De là, une majorité de droite pourrait aisément supprimer les concours et l’appartenance des enseignants à la fonction publique d’État en les faisant recruter par des chefs d’établissement dotés du pouvoir d’embaucher, comme les programmes de l’UMP et du FN le prévoient déjà.

    Monsieur le Président, vous êtes le garant de l’égalité des citoyens devant les services publics et de l’unité de l’école républicaine sur tout le territoire. Or, quand on observe les projets d’ESPE des diverses académies, on est frappé par l’extraordinaire disparité qui s’installera d’une région à l’autre dès le 1er septembre. Tout se passe comme si vous aviez décidé, sans même consulter la représentation nationale, la régionalisation de la formation des enseignants.

    Au total, cette réforme illisible et infaisable ne nous permettra pas de sortir de la crise inédite du recrutement des enseignants dans laquelle la politique de la droite l’a enfoncée. Son échec est inévitable. On en voit les prémices dans les résistances que de nombreuses instances universitaires opposent à l’habilitation des nouveaux masters MEEF et à l’accréditation des ESPE.

    Monsieur le Président, vous êtes le gardien de notre État de droit. Permettez-nous de vous dire aussi que la méthode suivie pour mener cette réforme n’est pas acceptable. Les universités et leurs personnels ont été contraints d’élaborer dans la plus grande hâte, sans cadrage suffisant et, trop souvent dans la plus grande opacité, les projets d’ESPE et de masters MEEF demandés par les ministères. Et ainsi ont-ils dû se mettre dans l’incertitude et hors-la-loi, car la loi qui les établit n’est pas encore promulguée.

    Mais nous ne nous contentons pas de pointer les dramatiques insuffisances et les contradictions inextricables de la réforme en préparation. Depuis septembre dernier, nous n’avons eu de cesse de promouvoir et de préciser un dispositif de formation-recrutement qui rend possible une formation en alternance de trois années rémunérées dans un cadre universitaire après un concours en fin de licence (L3), avec une voie spécifique pour les étudiants déjà pourvus d’un master. Ce dispositif prolonge une politique volontariste en licence pour aider les jeunes des milieux populaires à accéder au métier d’enseignant par des bourses conséquentes attribuées sans contrepartie d’une mission effectuée dans un établissement scolaire. Il s’inspire des formations professionnelles supérieures dans lesquelles la formation est affranchie du concours car celui-ci précède celle-là. Et, justement, il s’agit là de formations de haut niveau sur les plans scientifique, technique et professionnel (médecins, sages-femmes, ingénieurs, pilotes de ligne, contrôleurs aériens, etc.), comme devrait l’être la formation des enseignants.

    Ce dispositif permettrait de travailler dans la durée les articulations nécessaires entre apprentissages académiques, disciplinaires, didactiques et pédagogiques et formation à et par la recherche, dans le cadre d'une alternance progressive, comportant des stages dès la première année, d'abord en observation naturellement. Ces axes pourraient former la base d'un consensus entre tous les acteurs de la formation des enseignants, tant ceux qui sont légitimement attachés à la qualité de la formation académique et disciplinaire, que ceux qui veulent aider les enseignants à se donner la formation didactique et pédagogique qu'exige l'objectif central d'une école de l'égalité.

    Monsieur le Président, vous soutenez une politique de réduction des déficits budgétaires qui passe par une gestion rigoureuse des finances publiques. Or, en nous appuyant sur les études réalisées au début de l’an dernier par la Cour des Comptes, nous avons apporté la preuve que notre projet serait moins coûteux que celui du gouvernement. Il serait moins coûteux parce que nous nous refusons tout simplement à former des milliers de jeunes à un métier qu’il ne leur serait pas permis d’exercer. Par là même, il est également plus respectueux des intérêts de la jeunesse, car il refuse d’entraîner des dizaines de milliers d’étudiants vers deux ou trois années d’études sans lendemain.

    Monsieur le Président, il est encore possible de saisir la main que l’Histoire nous tend. La priorité que vous avez voulu accorder à la jeunesse et à l’éducation donne à votre gouvernement tous les moyens politiques et budgétaires de réaliser une vaste réforme de la formation des enseignants, une réforme durable qui ferait honneur à la tradition universitaire de la France et à sa tradition pédagogique. Dynamisant notre école, cette réforme concourrait au redressement économique et social de notre pays.

    C’est pourquoi nous vous demandons solennellement d’intervenir pour suspendre la réforme en cours, pour annuler les arrêtés définissant les concours et pour ouvrir le chantier d’une autre réforme, avec tous les acteurs concernés. Nous sommes prêts à nous engager de toutes nos forces dans cette entreprise si nécessaire.

    Soyez assuré, Monsieur le Président, de notre indéfectible attachement à l’école de la République et à la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants dans notre pays.

    Groupe Reconstruire la formation des enseignants (GRFDE)


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  • La nouvelle réforme de la formation des enseignants, lancée en toute hâte par le gouvernement pour mise en oeuvre dès la rentrée 2013, implique la création d'une Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education (ESPE) en lien étroit avec les 4 universités de l'académie de Grenoble.

    Un premier projet de création de l'ESPE, transmis fin mai au ministère, devait être entériné par un vote du Conseil d'Administration de l'UJF le 18 juin ; ce vote a été reporté au dernier moment en raison de l'évaluation très négative du projet faite par le ministère. Une nouvelle version, envoyée au ministère le 29 juin, sera soumis au vote du CA le 9 juillet.

    Le projet de création de l'ESPE touche directement à l'organisation et au fonctionnement des services de l'UJF et doit donc réglementairement passer devant le Comité Technique (CT) pour avis du projet avant d'être soumis au vote du CA, ce qui n'était pas prévu dans le calendrier des réunions du CT.
    C'est la raison pour laquelle, en tant qu'élus du CT, nous avons demandé le 27 juin au président de l'UJF la tenue d'une séance exceptionnelle afin d'examiner ce projet. L'accord du président, ainsi que la date de cette séance, convoquée pour le vendredi 5 juillet, nous ont été communiqués dès le lendemain, témoignant de l'importance de la consultation du CT sur cette question.

    A ce jour, moins de 48h avant la séance, le projet de création de l'ESPE, pourtant envoyé le 29 juin au ministère, ne nous a toujours pas été communiqué !

    Nous sommes donc toujours dans l'incapacité d'examiner l'opportunité de cette création, alors même
    - qu'il s'agit d'une question importante, ayant des conséquences sur le long terme, pour les personnels et étudiants concernés, pour notre université, pour les autres universités du site et celle de Savoie, pour les conditions de la mise en oeuvre de la réforme de la formation des enseignants ;
    - qu'il s'agit d'une question complexe et délicate, dans un climat d'urgence et d'incertitudes qui contribue à aggraver les tensions entre les différentes formations et les différents établissements et à générer inquiétude et souffrance au travail chez les personnels de l'IUFM ;
    Tous ces éléments auraient nécessité, à l'évidence, que nous puissions, d'ici le 5 juillet, examiner le projet avec attention, en prenant le temps de consulter les collègues directement concernés. Donner un avis, alors que les conditions nous permettant de le faire en connaissance de cause n'auront aucunement été réunies, serait exprimer clairement que nous considérons, nous mêmes, que la consultation du CT est une pure formalité.

    En conséquence, conscients de l'importance de nos mandats et par respect des étudiants et des personnels, qui sont directement concernés par la création de l'ESPE, nous refuserons donc de nous prononcer sur cette question, lors de la séance du CT du 5 juillet convoquée à cet effet.
    Les élus CGT, FSU, SGEN, UNSA du CT de l'UJF
    SNESUP - SNCS - FSU - Section Université de Grenoble


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  • SGEN CFDT de l’académie de Versailles

    ÉSPÉ ES-TU LÀ ?

    L'année universitaire s'achève sans que les personnels de l'IUFM, administratifs et enseignants, n'aient encore été informés des conditions dans lesquelles ils auront à travailler en septembre prochain et de la structure dans laquelle ils auront à intervenir. Nous n'avons plus aucune visibilité sur ce que seront nos services à l'avenir et pour qui nous aurons à les effectuer. L'incompréhension est totale sur les sites et les tensions qui perdurent entre les universités pour élaborer le dossier d'accréditation de l'ÉSPÉ sont telles que nous ne disposons toujours pas des informations nécessaires à la préparation de la rentrée et à l'accueil des étudiants dans des conditions satisfaisantes. 

    Tout comme elle l'avait été pour le dossier de préfiguration, l'évaluation du projet ÉSPÉ de l'académie de Versailles est à nouveau négative, et ce après des mois de négociations. La DGESIP juge le dossier très incomplet, confus et présentant de nombreuses incohérences. Les carences pointées par les services du MESR et du MEN mettent en évidence les inquiétudes des collègues : 

    - La mise en œuvre de l'ÉSPÉ sera-t-elle effective le 1er septembre 2013 ? Quelle sera la nature de cette structure ? Qui la dirigera ? Où les décisions seront-elles prises, comment et par qui ? 

    - Comment les personnels seront-ils représentés? Cette représentation tiendra-t-elle compte de la 

    contribution des différentes universités à l'ÉSPÉ ? 

    - Les formations actuellement portées par l'IUFM ouvriront-elles toutes à la rentrée, en particulier 

    les formations relevant de la 4eme mention ? Comment seront-elles pilotées ? 

    - Les collègues qui avaient l'habitude d'intervenir dans ces formations pourront-ils continuer à le faire ?

    - quelle sera la structuration des sites départementaux et quel sera l’avenir des services centraux ?

    - Comment les postes seront-ils pérennisés après la dissolution de l’IUFM ?

    - Dans le cadre de l'ÉSPÉ, pour quelle(s) université(s) les enseignants et les personnels BIATS auront-ils à travailler ?

    - Les personnels seront-ils intégrés à l'ÉSPÉ ? Si non, de quelle(s) structure(s) dépendront-ils ?

    Quelle sera la part d'intervention de l'employeur dans les formations aux métiers de l’enseignement.

    - …

    Le Sgen-CFDT salue l'initiative du président de l'UCP de réunir l'ensemble des personnels de l'IUFM le jeudi 27 juin à 10 heures sur le site de Gennevilliers. Nous appelons tous les personnels des différents sites à participer à cette assemblée générale. Il devient urgent de nous communiquer des informations fiables, lesquelles devront garantir la pérennité de nos fonctions et la qualité de nos conditions de travail.

     Après plusieurs demandes, une délégation du Sgen-CFDT de l'académie de Versailles rencontrera finalement le recteur Duwoye lundi 1er juillet.

     La mise en œuvre d’un nouveau service public de formation, que nous appelons de nos vœux et dans lequel tous les personnels devront légitimement trouver leur place, ne se fera pas sans nous.

    Le 24 juin 2013


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  • Le SNESUP publie un communiqué à propos des ESPE et de la "méthode Peillon".

    POUR LES ESPE, LE MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE TOUJOURS SEUL A LA MANOEUVRE, IGNORANT LE MONDE UNIVERSITAIRE !


    Visiblement seul interlocuteur accrédité par le gouvernement, le ministre de l'éducation nationale s'est positionné lors d'une interview de l'AEF sur la formation des enseignants et les futures Écoles supérieures du professorat et de l'éducation.
    Des ESPE bâclées : 
    Le ministre de l'éducation nationale annonce en lieu et place de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche que certains projets d'ESPE jugés non aboutis, seront retoqués, accrédités pendant seulement un an, alors que la loi prévoit le maintien des IUFM dans ce cas de figure. Le mode de gouvernance des ESPE favorise le rôle et l'autorité des recteurs et inspecteurs, pilotés dans les académies en toute hâte pour une annonce d'ouverture au 1er septembre. L'opacité constatée augure mal de la suite en termes de collégialité qui, avec la recherche elle aussi absente, sont au coeur des fondements des formations universitaires. 
    Étudiants grands perdants :
    Ils sont les grands absents des propos du ministre, en particulier sur les conditions de la rentrée. Entre une première année de master surchargée par un concours qui les empêchera de se concentrer sur l'apprentissage de leur futur métier et une deuxième année de master où ils se formeront par eux-mêmes à mi-temps, en servant de remplaçants pour le ministère de l'éducation nationale, le cursus pour devenir enseignant ressemblera à un parcours d'obstacles. 
    Personnels bafoués :
    Le ministre de l'éducation nationale persiste, dans cette interview, à affirmer que les enseignants et enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur et de la recherche ne sont pas des professionnels de l'éducation, et ignore le principe-même des équipes pluri-catégorielles qui ont pourtant fait leurs preuves.
    Enfin, les critiques du ministre envers les universités et leurs capacités historiques à former les enseignants, oublient que celles-ci ont dû travailler dans un temps très insuffisant pour une telle réforme de la formation des enseignants, sans aucun texte réglementaire stable et concerté, fluctuant au fil des semaines, et accumulant les retards par rapport à l'agenda initial.
    Devant un tel gâchis d'une réforme pourtant attendue par la communauté éducative, le SNESUP réitère sa demande de remise à plat de la réforme et de moratoire d'un an.

    SYNDICAT NATIONAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    78, rue du Faubourg Saint-Denis, 75010 - PARIS
    Tél. : 0144799621 - Portable : 0659126981 - Fax : 0142462656 - Courriel : 
    sg@snesup.fr


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  • 1er Juillet 2013

    Vincent Peillon à AEF : « Nous proposerons des accréditations provisoires pour les dossiers d'Espé les moins aboutis »   

    AEF : Quels objectifs fixez-vous aux Espé?

    Vincent Peillon : La formation des enseignants constitue le levier essentiel pour améliorer le système éducatif français. Avec les Espé, cette formation va être intégrée, c'est-à-dire proposer en même temps une formation disciplinaire et professionnalisante sur plusieurs années. Cette professionnalisation des futurs enseignants constitue une vraie rupture, en particulier pour les professeurs du secondaire. Nous avons pour cela revu les concours pour donner plus d'importance à la mise en situation et à la pratique, nous avons développé l'alternance dès le M1 et favorisé l'intervention des professionnels sur le terrain pour venir enseigner dans les Espé. Sur les 54 000 créations de postes prévus dans l'Éducation nationale, 27 000 sont consacrés à la formation des enseignants.

    AEF : Quel regard portez-vous sur les différents projets d'Espé en cours d'accréditation?

    Vincent Peillon : Nous sommes dans un moment d'échanges, avec des allers et retours constants, pour améliorer les projets. Nous nous prononcerons sur les accréditations dans une quinzaine de jours. Nous avons donné un cadre national pour le processus d'accréditation, en fixant notamment des exigences pour le tronc commun professionnalisant, qui comprend par exemple l'accompagnement des enfants en situation de handicap ou la pratique du numérique. Concernant l'organisation des enseignements, les universités ont eu spontanément tendance à proposer des M1 très disciplinaires et des M2 davantage consacrés aux stages de terrain, or nous souhaitons une répartition de ces deux dimensions tout au long de la formation pour permettre un vrai continuum et une entrée progressive dans le métier. Cette question fait partie des discussions que nous avons avec les porteurs de projet d'Espé afin qu'ils puissent améliorer leur offre.

    AEF : Pour les projets d'Espé qui nécessitent des corrections (1), où en est le processus d'accréditation ? Allez-vous leur proposer un accompagnement spécifique?

    Vincent Peillon : Pour ceux qui ne sont pas encore tout à fait aboutis, nous proposerons une accréditation provisoire pour une durée d'un an, au lieu de cinq. Dans l'année qui vient, ils seront accompagnés pour parfaire leur dossier. Certains peuvent manquer de ressources en interne - par exemple de pas disposer localement de spécialistes de la laïcité ou de la violence -, nous viendrons alors en appui en mettant à leur disposition une équipe nationale qui pourra intervenir dans leur Espé en attendant qu'ils mettent en place leur propre dispositif. Il faudra aussi que des enseignants innovants, par exemple sur le numérique, ceux qui sont capables de de former leurs collègues, puissent intervenir dans les Espé.

    AEF : Comment ces enseignants pourront-ils intervenir dans les Espé?

    Vincent Peillon : Nous avons prévu pour cela 1 000 ETP qui permettront à plusieurs milliers d'enseignants d'intervenir dans les Espé. J'ai demandé aux recteurs de le prévoir dès la rentrée 2013. Ces enseignants seront partiellement déchargés. Partiellement, car il faut éviter que ceux qui forment leurs futurs collègues soient coupés du terrain. C'est une erreur que nous ne devons pas reproduire. Je souhaite qu'ils gardent des classes en responsabilité. Cela concerne aussi d'autres personnels comme les CPE ou les psychologues par exemple.

    AEF : Quelles sont les caractéristiques des projets d'Espé qui vous semblent réussis ?

    Vincent Peillon : Les meilleurs projets ont totalement intégré les projets de professionnalisation et ont organisé une réelle progressivité M1-M2. Ils ont par exemple prévus six semaines sur le terrain dès le M1, quand d'autres envisageaient de n'en faire que deux. Ils ont bien réfléchi à l'organisation du tronc commun. Lors du séminaire de travail du lundi 1er juillet à Lyon, les porteurs de projet qui ont très bien avancé par rapport aux attendus ministériels présenteront des exemples concrets.

    Dans un autre registre, les projets les plus aboutis sont ceux qui ont su régler les sujets relatifs à la gouvernance. Pour certains, cela a été traité sans difficulté, mais il faut reconnaître que cette demande n'était pas simple car elle va à contrario de la mise en concurrence, ces dernières années, de certains sites universitaires au sein d'une même académie.

    AEF : Quelle sera la part consacrée à la formation continue dans les Espé ?

    Vincent Peillon : Je souhaite que les Espé intègrent la recherche et portent les plans de formation continue. Nous fixons pour cela des priorités, comme le numérique par exemple. Il faut que progressivement nous reformions aussi un réseau de formateurs, qui a été réduit à la portion congrue dans le primaire et qui n'a jamais réellement existé dans le secondaire. La formation continue repose nécessairement sur un réseau dense de formateurs et de conseillers pédagogiques. La création d'un tel réseau pour le second degré fera partie des discussions que l'on ouvrira à l'automne. Je mobilise aussi pour cela les inspections générales, les inspecteurs pédagogiques régionaux et les chefs d'établissement.

    AEF : Dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants, pourquoi avoir choisi de ne pas traiter le concours de l'agrégation ?

    Vincent Peillon : Il était préférable de mettre cette question de côté à ce stade. D'une part, elle était un peu marginale par rapport à l'ensemble du chantier sur la formation des enseignants et d'autre part, le cas des professeurs agrégés pose des problèmes spécifiques qui doivent être examinés dans le cadre d'une discussion globale sur leur place dans le secondaire.

    AEF : Pour créer une « culture commune » des professionnels de l'éducation, allez-vous réformer l'Esen ?

    Vincent Peillon : L'Esen est déjà en train de changer. J'ai demandé au nouveau directeur de veiller à être un appui pour la partie professionnalisante des Espé, de participer au travail de mutualisation et de coordonnation des différentes Espé, qui devront travailler ensemble et ne pas s'ignorer.                                                                                                                        

    (1) Interrogé par AEF, le ministre n'a pas souhaité détailler les projets d'Espé concernés. Au Sénat le 21 juin, le ministre indiquait que « le travail mérit[ait] d'être profondément revu » pour « trois groupes d'universités » (AEF n°184516) 
                                                                                                                                              

                                                 

                                    

     


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  • Le SNESUP publie un communiqué à propos des ESPE et de la "méthode Peillon".

    POUR LES ESPE, LE MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE TOUJOURS SEUL A LA MANOEUVRE, IGNORANT LE MONDE UNIVERSITAIRE !


    Visiblement seul interlocuteur accrédité par le gouvernement, le ministre de l'éducation nationale s'est positionné lors d'une interview de l'AEF sur la formation des enseignants et les futures Écoles supérieures du professorat et de l'éducation.
    Des ESPE bâclées : 
    Le ministre de l'éducation nationale annonce en lieu et place de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche que certains projets d'ESPE jugés non aboutis, seront retoqués, accrédités pendant seulement un an, alors que la loi prévoit le maintien des IUFM dans ce cas de figure. Le mode de gouvernance des ESPE favorise le rôle et l'autorité des recteurs et inspecteurs, pilotés dans les académies en toute hâte pour une annonce d'ouverture au 1er septembre. L'opacité constatée augure mal de la suite en termes de collégialité qui, avec la recherche elle aussi absente, sont au coeur des fondements des formations universitaires. 
    Étudiants grands perdants :
    Ils sont les grands absents des propos du ministre, en particulier sur les conditions de la rentrée. Entre une première année de master surchargée par un concours qui les empêchera de se concentrer sur l'apprentissage de leur futur métier et une deuxième année de master où ils se formeront par eux-mêmes à mi-temps, en servant de remplaçants pour le ministère de l'éducation nationale, le cursus pour devenir enseignant ressemblera à un parcours d'obstacles. 
    Personnels bafoués :
    Le ministre de l'éducation nationale persiste, dans cette interview, à affirmer que les enseignants et enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur et de la recherche ne sont pas des professionnels de l'éducation, et ignore le principe-même des équipes pluri-catégorielles qui ont pourtant fait leurs preuves.
    Enfin, les critiques du ministre envers les universités et leurs capacités historiques à former les enseignants, oublient que celles-ci ont dû travailler dans un temps très insuffisant pour une telle réforme de la formation des enseignants, sans aucun texte réglementaire stable et concerté, fluctuant au fil des semaines, et accumulant les retards par rapport à l'agenda initial.
    Devant un tel gâchis d'une réforme pourtant attendue par la communauté éducative, le SNESUP réitère sa demande de remise à plat de la réforme et de moratoire d'un an.

    SYNDICAT NATIONAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    78, rue du Faubourg Saint-Denis, 75010 - PARIS
    Tél. : 0144799621 - Portable : 0659126981 - Fax : 0142462656 - Courriel : 
    sg@snesup.fr

     


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  • Le GRFDE a tenu à faire connaître à la presse le contenu de sa lettre ouverte au Président de la République sur la réforme proposée par F. Peillon.

    Le journal Libération la publie sous forme de Tribune dans son édition en ligne.

    http://www.liberation.fr/societe/2013/06/23/enseigner-est-un-metier_913089

    On en trouvera une version complète sur le site du Café Pédagogique.

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/06/24062013Article635076561664321029.aspx

    Monsieur le Président de la République,

    Toutes et tous, nous avons combattu la désastreuse réforme Darcos-Pécresse de 2009, dite de la « mastérisation », annoncée il y a tout juste 5 ans, par Nicolas Sarkozy. Contre l’idéologie ultralibérale qui inspirait cette réforme, nous avons défendu avec opiniâtreté cette idée : « Enseigner est un métier qui s’apprend ! » Durant la campagne électorale de 2012, vous avez annoncé que votre gouvernement reconstruirait la formation des enseignants et qu’il ferait de ce chantier une priorité. Nous nous sommes réjouis de vos déclarations.

    Aujourd’hui, à moins de trois mois de la création des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), vous devez nous entendre à votre tour : la réforme préparée par le gouvernement n’est nullement celle qui était attendue. À certains égards, elle aggravera la situation actuelle. Nous avons tenté de faire entendre nos analyses et propositions en participant activement à la concertation Refondons l’école de la République, en rencontrant les conseillers chargés de la formation des enseignants des deux ministres en charge de cette question et en rencontrant plusieurs députés et sénateurs de votre majorité parlementaire. Nos efforts ayant été vains, nous avons décidé de nous tourner vers vous aujourd’hui en vous rapportant d'abord nos analyses, puis nos propositions. Vous avez le pouvoir d’arrêter cette réforme et de rouvrir ce chantier si important pour l’avenir de notre école et de notre société. C’est ce que nous vous appelons à faire en urgence. Voici pourquoi.

    Ce qui est prévu par les deux ministres en charge de cette réforme tente un compromis intenable sur deux ans entre les systèmes d'avant et d'après 2009. Ce projet, s'il est maintenu, cumulera les contraintes et les dégradations de la formation, déjà observées sous chacun de ces deux systèmes. Durant les deux seules années de formation, les étudiants devront tout à la fois préparer et réussir le concours (celui de professeur des écoles, le CAPES, etc), apprendre leur futur métier comme avant 2009, et obtenir un master, préparer et soutenir un mémoire de recherche comme après 2009. Tout ceci avec une forte augmentation, par rapport à l’avant 2009, de la durée du stage en seconde année, qui représente la moitié du temps de travail hebdomadaire devant élèves d'un enseignant titulaire (au lieu de 33 à 40 % avant 2009). Ce faisant, — n’est-ce pas un comble pour une réforme portée par un gouvernement de gauche ? — on s’apprête à réduire d’une année le cadre légal de la formation initiale des enseignants. Depuis 2009, en effet, ce cadre légal était de trois années : deux années de master et une année de stage sous statut de fonctionnaire stagiaire. Dorénavant, les deux dernières années seront fusionnées en une seule. De plus, les horaires moyens de formation prévus par les nouveaux masters « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF) passeront de 900 heures actuellement à 750 heures environ.

    Sans bouleverser le cadre actuel, il aurait suffi de décharger les stagiaires de la moitié de leur temps de service (en troisième année, après le master) pour améliorer considérablement leur formation. En revanche, de quelque manière que l’on s’y prenne, dans un cadre étriqué de deux années, la première étant occupée par la préparation du concours et la seconde par le stage, et avec une durée de formation diminuée, on ne pourra rien faire de façon satisfaisante, ni la formation académique des enseignants, ni leur formation pédagogique et pratique, ni leur formation à et par la recherche, qui est pourtant le propre d’un master.

    S’agissant de la formation académique et disciplinaire, la réforme entraînera un affaissement du niveau de connaissances des futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Ce sera la conséquence inéluctable de concours centrés sur la didactique des disciplines pour 75 % à 80 % de la note finale. Cette modalité de recrutement paraîtrait normale si les candidats avaient déjà acquis en licence les connaissances principales pour maîtriser les savoirs qu’ils devront transmettre. Mais c’est loin d’être le cas après la réduction importante des heures de formation — et l’évolution concomitante des exigences — que la plupart des licences ont subies dans les vingt dernières années. Et ce n’est pas la seconde année des masters MEEF, centrée sur le stage pratique, ni la formation continue, quasiment anéantie, qui permettront de combler d’aussi importantes lacunes dans la formation académique.

    En outre, pour la première fois depuis les années 1970, le nouveau concours de recrutement des enseignants du primaire, défini par un récent arrêté, n’évaluera plus leur capacité à enseigner l’ensemble des disciplines inscrites aux programmes des écoles maternelles et élémentaires. Les épreuves porteront uniquement sur trois d’entre elles (Français, Mathématiques et EPS) et sur un sujet que le candidat devra choisir dans une seule parmi toutes les autres disciplines (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Histoire, Géographie, Musique, Arts visuels, Histoire des Arts, Enseignement civique et moral), ravalées dès lors au rang de « petites disciplines ». De surcroît, rien n’est prévu pour l’évaluation de la capacité des futurs professeurs des écoles à enseigner les langues vivantes. On ne mesure sûrement pas à ce jour les mutations que ce nouveau concours imposera à l’identité professionnelle des professeurs des écoles, qui était étroitement associée, depuis les lois Ferry, à la polyvalence disciplinaire. On pourrait certes compter sur les formations des masters MEEF en première année pour garantir a minima cette polyvalence. Mais comme la formation dispensée en première année de ces masters sera essentiellement orientée vers la préparation du concours, les étudiants auront tendance à négliger les disciplines qu’ils ne rencontreront pas au concours. La formation à la polyvalence disciplinaire sera encore plus aléatoire chez les candidats issus d’autres masters qui seront néanmoins, comme aujourd’hui, la majorité.

    Il faut aussi regretter que, dans le cadre de cette réforme, les ministères n'aient pas pris à bras-le-corps la question des licences conduisant au master « professorat des écoles ». Des licences pluridisciplinaires intégrant une réflexion épistémologique et didactique sur la polyvalence seraient un bon moyen de donner un niveau décent aux futurs professeurs des écoles dans les différentes matières qu'ils auront à enseigner et à articuler. Monsieur le Président, vous devez être conscients que, dans le meilleur des cas, les futurs professeurs d'école maternelle et élémentaire n'auront eu ainsi qu'une quarantaine d'heures durant le master pour se former, par exemple, à l'enseignement des mathématiques, de la maternelle au CM2 : enseignement du nombre (entiers, fractions, décimaux), du calcul, de la résolution de problèmes, de l'espace, des mesures, etc. Le contingent sera tout aussi réduit pour réfléchir aux problématiques liées à l'enseignement du français (apprentissage de l’oral, développement du vocabulaire, enseignement de la lecture, de l'écriture, de la production des textes, de l’orthographe, de la grammaire, etc.), sans parler des autres disciplines (sciences, histoire, géographie, langue vivante, musique, EPS, arts visuels, etc.) qui se verront réduites à une portion encore plus congrue. La « gestion de la classe » sera abordée de façon magistrale et inefficace, car les horaires du master et l’absence de stage en première année ne rendront pas possibles les analyses de pratiques. Finalement, nous réussirons à être le seul pays d'Europe où les futurs professeurs des écoles passeront 5 ans à l'Université tout en étant aussi peu formés à leur futur métier.

    On ne peut assurer une meilleure formation pédagogique des futurs enseignants en sacrifiant peu ou prou la maîtrise des contenus enseignés. Mais, alors que la réforme est surtout censée améliorer la formation didactique et pédagogique des enseignants, celle-ci s’annonce inconsistante. En première année, les étudiants devront se préparer de façon très théorique à des épreuves de didactique alors qu’ils n’auront eu aucune expérience sérieuse de l’enseignement. C’est comme si, au permis de conduire, pour passer le code et avant d’avoir eu leur premier cours de conduite, les candidats devaient par exemple expliquer à l’examinateur les gestes qu’il faut enchaîner pour réaliser un créneau. Qui peut croire que les plus performants dans ce type d’exercice seraient aussi, par la suite, les meilleurs conducteurs ?

    En seconde année, avec un stage à mi-temps en complète responsabilité, les lauréats ne pourront que préparer leurs cours du lendemain, ils n’auront pas le temps de prendre du recul sur leur pratique, d’analyser les erreurs de leurs élèves, de se documenter sur d’autres approches de la même notion ou de la même œuvre, de reconsidérer leurs choix didactiques ou pédagogiques… Ils ne pourront donc pas bénéficier d’une authentique formation en alternance.

    Alors que le cadre des masters devrait valoriser la formation des enseignants par et à la recherche, celle-ci sera réduite à peu de choses par un emploi du temps très contraint. De fait, on ne pourra offrir aux étudiants que des ersatz de masters.

    « Il est indispensable de restaurer, après le désastre de la mastérisation, une formation initiale et continue digne de ce nom », disiez-vous en 2012 (lettre du 12 mars à la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques). Rognée d’année en année depuis 2002 par la réduction systématique des moyens de remplacement, la formation continue des enseignants est maintenant en charpie. Mais elle est aussi la grande oubliée de la réforme en cours. Pourtant, sans une politique volontariste et planifiée de formation continue, on voit mal comment les enseignants pourront s’approprier les recherches sur les apprentissages scolaires, développer le travail en équipe et perfectionner leurs pratiques pédagogiques au bénéfice des élèves les plus en difficulté. Rien dans les mesures annoncées par les ministres et dans les moyens alloués ne permet d’espérer que la réforme en cours ouvrira une nouvelle ère pour la formation continue.

    Soyons lucides : avec ce projet de réforme de la formation des enseignants, la refondation de l’école de la République est compromise. On peut même craindre une dégradation de l’efficacité de l’école.

    Ce dispositif engendrera une masse considérable de « reçus-collés », reçus à la première année de master mais « collés » aux concours, ce qui, dans les conditions actuelles, serait le cas de 3 candidats sur 4 en moyenne. Pour la plupart, ces jeunes auront à cœur de persévérer dans leur orientation vers le métier d’enseignant et tenteront le concours une seconde fois, à la fin de la seconde année de master. Comme les universités sont invitées à leur garantir cette poursuite d’étude et comme ils seront ainsi mieux préparés que leurs camarades de première année, on les verra bientôt les surpasser au concours. Ironie de l’Histoire, on dérivera ainsi vers un retour de fait au système actuel Darcos-Pécresse, dans lequel le concours est passé en seconde année de master, après deux années de bachotage.

    De plus, les jeunes détenteurs d’un master enseignement mais n’ayant pas obtenu le concours formeront d’année en année une masse de dizaines de milliers de précaires, réputés capables de «faire le job». De là, une majorité de droite pourrait aisément supprimer les concours et l’appartenance des enseignants à la fonction publique d’État en les faisant recruter par des chefs d’établissement dotés du pouvoir d’embaucher, comme les programmes de l’UMP et du FN le prévoient déjà.

    Monsieur le Président, vous êtes le garant de l’égalité des citoyens devant les services publics et de l’unité de l’école républicaine sur tout le territoire. Or, quand on observe les projets d’ESPE des diverses académies, on est frappé par l’extraordinaire disparité qui s’installera d’une région à l’autre dès le 1er septembre. Tout se passe comme si vous aviez décidé, sans même consulter la représentation nationale, la régionalisation de la formation des enseignants.

    Au total, cette réforme illisible et infaisable ne nous permettra pas de sortir de la crise inédite du recrutement des enseignants dans laquelle la politique de la droite l’a enfoncée. Son échec est inévitable. On en voit les prémices dans les résistances que de nombreuses instances universitaires opposent à l’habilitation des nouveaux masters MEEF et à l’accréditation des ESPE.

    Monsieur le Président, vous êtes le gardien de notre État de droit. Permettez-nous de vous dire aussi que la méthode suivie pour mener cette réforme n’est pas acceptable. Les universités et leurs personnels ont été contraints d’élaborer dans la plus grande hâte, sans cadrage suffisant et, trop souvent dans la plus grande opacité, les projets d’ESPE et de masters MEEF demandés par les ministères. Et ainsi ont-ils dû se mettre dans l’incertitude et hors-la-loi, car la loi qui les établit n’est pas encore promulguée.

    Mais nous ne nous contentons pas de pointer les dramatiques insuffisances et les contradictions inextricables de la réforme en préparation. Depuis septembre dernier, nous n’avons eu de cesse de promouvoir et de préciser un dispositif de formation-recrutement qui rend possible une formation en alternance de trois années rémunérées dans un cadre universitaire après un concours en fin de licence (L3), avec une voie spécifique pour les étudiants déjà pourvus d’un master. Ce dispositif prolonge une politique volontariste en licence pour aider les jeunes des milieux populaires à accéder au métier d’enseignant par des bourses conséquentes attribuées sans contrepartie d’une mission effectuée dans un établissement scolaire. Il s’inspire des formations professionnelles supérieures dans lesquelles la formation est affranchie du concours car celui-ci précède celle-là. Et, justement, il s’agit là de formations de haut niveau sur les plans scientifique, technique et professionnel (médecins, sages-femmes, ingénieurs, pilotes de ligne, contrôleurs aériens, etc.), comme devrait l’être la formation des enseignants.

    Ce dispositif permettrait de travailler dans la durée les articulations nécessaires entre apprentissages académiques, disciplinaires, didactiques et pédagogiques et formation à et par la recherche, dans le cadre d'une alternance progressive, comportant des stages dès la première année, d'abord en observation naturellement. Ces axes pourraient former la base d'un consensus entre tous les acteurs de la formation des enseignants, tant ceux qui sont légitimement attachés à la qualité de la formation académique et disciplinaire, que ceux qui veulent aider les enseignants à se donner la formation didactique et pédagogique qu'exige l'objectif central d'une école de l'égalité.

    Monsieur le Président, vous soutenez une politique de réduction des déficits budgétaires qui passe par une gestion rigoureuse des finances publiques. Or, en nous appuyant sur les études réalisées au début de l’an dernier par la Cour des Comptes, nous avons apporté la preuve que notre projet serait moins coûteux que celui du gouvernement. Il serait moins coûteux parce que nous nous refusons tout simplement à former des milliers de jeunes à un métier qu’il ne leur serait pas permis d’exercer. Par là même, il est également plus respectueux des intérêts de la jeunesse, car il refuse d’entraîner des dizaines de milliers d’étudiants vers deux ou trois années d’études sans lendemain.

    Monsieur le Président, il est encore possible de saisir la main que l’Histoire nous tend. La priorité que vous avez voulu accorder à la jeunesse et à l’éducation donne à votre gouvernement tous les moyens politiques et budgétaires de réaliser une vaste réforme de la formation des enseignants, une réforme durable qui ferait honneur à la tradition universitaire de la France et à sa tradition pédagogique. Dynamisant notre école, cette réforme concourrait au redressement économique et social de notre pays.

    C’est pourquoi nous vous demandons solennellement d’intervenir pour suspendre la réforme en cours, pour annuler les arrêtés définissant les concours et pour ouvrir le chantier d’une autre réforme, avec tous les acteurs concernés. Nous sommes prêts à nous engager de toutes nos forces dans cette entreprise si nécessaire.

    Soyez assuré, Monsieur le Président, de notre indéfectible attachement à l’école de la République et à la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants dans notre pays.

    Groupe Reconstruire la formation des enseignants (GRFDE)


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  • Voici la copie de la lettre adressée au GRFDE par la présidence de la république suite à notre lettre ouverte.

    - F. Holande répond au GRFDE


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